portugaise

La Portugaise

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Son cerveau a sans doute choisi ce moment comme étant idéal pour la projection d'une sorte de court-métrage. La bobine se déroule…

Elle est née dans l'hexagone, mais son cœur a toujours été partagé entre le Portugal, pays de ses parents, et la France, pays de sa culture qui a bercé son enfance, supporté son adolescence, et dans lequel elle a construit sa jeune vie d'adulte.

Elle s’est toujours sentie prise en tenaille entre le souvenir tenace des moments trop courts passés au Portugal en été, et le pays où la logique aurait sûrement du lui commander d’installer sa vie, ce bel hexagone qui fait rêver tant d'humains à travers la planète.

Elle vivait comme assise sur une chaise bancale, sans la plénitude totale que quelqu'un de son âge devrait ressentir. C'était dommage d'éprouver ce sentiment de gâchis indéfinissable. Elle avait donc l’impression de vivre à moitié, ni dans un pays ni dans l’autre. Elle rêvait alors d’un pays imaginaire qui serait un judicieux mélange des deux. Combien de fois en a-t-elle dessiné les  contours ? A tant y croire, elle a toujours espéré qu'ils deviendraient un jour réels.

Elle est profondément marquée par le Portugal, ses couleurs, ses odeurs. A tenter de les percevoir, ces odeurs en paraissent réelles et pour cause… elles le sont !

- Désirez-vous un "porco à alentejana" ou un steack Madame ?

Cette phrase prononcée par l'hôtesse la sort soudain de sa torpeur. C'est bien l'odeur de ce plat qu'elle aime tant qui parvenait à ses narines ! Elle se réveille en sursaut, et constate avec un étonnement facilement perceptible à son air ébahi, qu’elle a la tête blottie contre l’épaule de son voisin.

Elle se sent gênée à un point qu’elle en bafouille de honte. Euh, oui, oui, une « carne de porco alentejana » s’il vous plaît, répond-elle par des mots saccadés à l’hôtesse qui vient assurer le service du déjeuner, la transportant ainsi d'un songe aromatisé à une réalité bien odorante.

Tandis que l’hôtesse s’exécute, elle reprend ses esprits lentement puis s’excuse auprès de son voisin de voyage de s’être ainsi laisser aller à se blottir contre son épaule, et "sans avoir payé de supplément", plaisante-t-elle.

 

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