Une
majorité de portugais se déclare contre l'Euro
Selon
une enquête réalisée en mars 2007 par l'Institut
TNS, une large majorité de portugais préfère
abandonner l'Euro et revenir à l'Escudo, la
monnaie initiale portugaise.
Insatisfaction
supérieure à la moyenne européenne
Les résultats de l'enquête
montrent que 60% des portugais disent préférer
revenir à L'Escudo et abandonner la monnaie
unique. (31% déclarent par contre préférer l'Euro
et 9% ne se prononcent pas).
Cette large majorité
de portugais déclarant préférer l'abandon de
l'Euro est supérieure à la moyenne des 13 pays
concernés, puisque parmi l'ensemble des habitants
des pays de la zone Euro, 49% déclarent souhaiter
revenir à leur monnaie initiale, soit seulement
près d'un citoyen sur 2.
13 pays adoptent actuellement
la monnaie unique. Il s'agit de l'Allemagne,
de l'Autriche, de la Belgique, de l'Espagne,
de la Finlande, de la France, de la Grèce, de
l'Italie, du Luxembourg, des Pays-bas, du
Portugal, et de la Slovénie.
Ce désavoeu de la monnaie
unique résulte probablement du constat de beaucoup
de portugais de la hausse des prix parfois inconsidérée
due à l'adoption de l'Euro.
Il résulte probablement également
de la nette impression des citoyens que les
technocrates souhaitent lancer la machine à
grande vitesse coûte que coûte sans tenir
compte des réalités et encore moins de
l'avis des citoyens.
Un
simple sentiment ou la réalité ?
Ricardo, un modeste
employé de Vila Franca de Xira dans la grande
région de Lisbonne déclare : "Avant, avec
l'Escudo, dans les super-marchés je voyais une
promotion pour un produit qui était :
3 pièces pour 100 Escudos. Maintenant, la promotion
affiche : 3 pièces pour 1 Euro. L'apparence
est trompeuse car on a l'impression que 1 Euro
c'est symbolique. Seulement, dans la réalité,
1 Euro c'est l'équivalant de 200 Escudos. En
l'espace de quelques mois le prix du produit
a donc carrément doublé. 100% d'augmentation,
vous trouvez ça normal ?
"Autre exemple",
ajoute Ricardo visiblement agacé, "les
jours de semaine je vais déjeuner dans
un petit restaurant proche de mon bureau. Avant
je prenais une simple formule qui me coûtait
1000 Escudos. 3 mois après l'apparition de l'Euro,
la formule a changé. On y a adjoint le café
afin de ne pas se faire pincer par le contrôle
des prix, et le prix s'est transformé en 7 Euros,
soit 1400 Escudos. 40% d'augmentation en 3 mois avec
un simple habillage trompe-l'oeil dû au café.
Je me suis plaint à la patronne du restaurant
qui m'a répondu qu'elle aussi subissait de plein-fouet
l'augmentation de son prix de revient. Quoi
faire alors ? C'est invivable."
Gabriela, une habitante aisée
de Braga déclare quant à elle : "Acheter
une glace vanille-chocolat pour ma fille, me
coûtait 100 à 120 Escudos suivant les endroits. Dès
que l'Euro est apparu, la même glace est quasi-immédiatement
passée à 1 Euro, soit 200 Escudos". "Ce
n'est qu'un détail, mais un détail de 80 à 100%
d'augmentation ! Le porte-monnaie fait plus
que s'en ressentir", ajoute-telle. "Du
coup, ma fille mange moins de glaces, ce qui
au fond n'est pas mauvais pour sa ligne",
finit-elle de dire avec un brin d'humour, ajoutant toutefois
qu'elle a un niveau de vie lui permettant de
faire face, mais qu'elle ne comprend pas comment
la plupart des portugais peuvent s'en sortir.
Dommage
?
Ces simples exemples
sont bien palpables et ne font que découler
de constats qui pourraient être qualifiés de
détails. Ils contribuent néanmoins à alimenter
la perception des travers au
quotidien découlant de la monnaie unique.
Mais ils ne devraient pourtant
pas être généralisés ni amalgamés à l'économie
dans son ensemble, car l'Euro possède par ailleurs
un grand nombre de vertus et d'avantages
difficilement contestables. Mais visiblement
les dirigeants habillés en professionnels de
la politique "chapeautés" par les caricaturaux
technocrates de Bruxelles, n'ont une fois encore
pas été à la hauteur sur le plan de la communication
ni de la mise en place de rouages sécurisants
précédant la mise en place de l'Euro.
Dérapage
sur l'Europe...
L'Europe a manifestement
des vertus positives. Cependant l'empressement
des technocrates à toutes sortes de passages en force semble
faire grincer les dents de nombreux citoyens, qui après
tout sont les principaux concernés et subissent
de plein fouet les décisions bonnes ou mauvaises
prises par une simple poignée de technocrates
s'auto-autorisant à avoir le monopole de la
pensée et des idées.
Ainsi, concernant le traité
pour la ratification de la constitution
européenne, dans beaucoup de pays de l'UE les
politiques ont fuit à l'expression des citoyens,
en refusant de soumettre le texte aux votes
des habitants et en le faisant adopter "en
douce" par leurs assemblées respectives.
Est-ce ainsi que l'on aura l'adhésion des citoyens
à l'Europe ? Est-ce en leur manquant de respect
qu'on arrivera à obtenir leur enthousiasme ?
L'Europe comme l'Euro sont
assurément d'inévitables instruments nécessaires
à affronter les immenses défis que l'économie
mondiale engendrera dans le futur. Encore faut-il
que la compétence des décisionnaires soit une
réalité, et que les citoyens se sentent réellement
eux aussi pris en compte, car il serait stupide
autant qu'utopique de croire un instant que
l'Europe puisse se faire sans une totale adhésion
des citoyens.
Le tout n'est-il pas de savoir
: Quelle Europe on veut ? Avec quels mécanismes
? Comment on la construit ? Et surtout, pour
qui on fait l'Europe ? Pour les citoyens et
avec eux, ou contre les citoyens, sans leur
véritable adhésion et sans leur avis ? En
attendant que des réponses intelligentes, acceptables
et concrètes soient apportées, les mécontentements
sont légion et les portugais ne sont visiblement
pas en reste sur ce plan.
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