Voyage,
voyage...
Un son strident déchire
alors l'air pendant une seconde qui semble interminable
à tous les passagers visiblement angoissés.
L'avion
se redresse ensuite lentement, les vibrations cessent peu à
peu laissant la place à un silence général,
trop grand pour être normal, trop parfait pour ne
pas intriguer les passagers.
L'ambiance à bord
devient glaciale, meublée par un calme
parfait et une tranquillité générale artificielle.
Les passagers semblent
attentifs au moindre et hypothétique élément qui
leur apporterait une explication à cette succession
de phénomènes non rassurants.
Leur attente ne tarde pas
à être comblée, car deux hôtesses viennent vite
à la rencontre des passagers, le sourire inexplicablement
aux lèvres au vu des circonstances.
- Mesdames et messieurs, le
commandant de bord Mario Lourenço va vous adresser
un message, annonce à voix haute une des hôtesses
aux passagers.
Le commandant de bord prend
alors la parole à distance, et par le biais du micro
il s'adresse aux passagers.
- Mesdames et messieurs, je
tiens à vous rassurer, tout va bien. Nous venons de connaître
un léger incident sans conséquences, qui
nous oblige cependant pour des raisons purement
logistiques
à faire demi-tour, et donc à revenir sur Paris en vue d'une petite intervention
technique.
Je fais appel à votre calme
et surtout à votre compréhension, et tiens à vous
assurer que cet incident ne prête en aucun cas à conséquence
et
ne nous met en aucune façon en danger. Le seul inconvénient que
cet incident engendre, est notre retour forcé
à Paris.
Dès notre arrivée à Orly,
la
compagnie mettra tout en oeuvre pour prendre
en compte les inconvénients dus à ce retour non
prévu.
Je vous remercie pour votre attention.
"Après tout, le principal
c'est qu'il n'y ait pas de danger", dis-je
à mon voisin de voyage. "Tant pis pour le retard
et les inconvénients, le principal c'est la sécurité.
Mais pourquoi mon voisin rit-il
ainsi bêtement ? Et pour quelle raison les
hôtesses semblent-elles curieusement être au bord du fou-rire,
ayant visiblement le plus grand mal à se contenir
?" Bizarre tout cela, pense-t-elle.
-
Antoine ! Lui dit soudain l’homme en lui tendant la main. Je
me présente, je suis Antoine. Surprise, la jeune femme répond en
souriant, Beau prénom ! Quelques secondes plus tard, dans
un éclat de rire, elle tend à son tour la main en direction d'Antoine en ajoutant "La portugaise. Quant à moi, je suis la portugaise".
- Très joli prénom, prodigieux d’originalité, répond
Antoine d’un air moqueur.
- Ce serait un peu long à vous expliquer, mais si vous saviez
le plaisir que j'éprouve à me présenter ainsi aujourd’hui, spécialement
aujourd’hui, ajoute-telle.
Pendant ce temps, après avoir débarrassé les passagers de
leurs plateaux de déjeuner, le personnel de bord
envahit désormais le couloir de l'avion, avec des
chariots transportant de nombreuses bouteilles de
champagne et de jus de fruits.
- C'est la fête à bord, dit Antoine à sa voisine.
- Effectivement, répond-elle. Décidément il se passe des
choses curieuses. Et avez-vous remarqué que nous
n'avons pas fait demi-tour ? On nous annonce que
nous revenons à Paris, alors que nous continuons
visiblement notre route. Bizarre, poursuit-elle.