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La Portugaise

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Les stores baissés de la grande fenêtre laissent passer de furtifs rayons du soleil lisboète, seule note gaie parvenant de l'extérieur, et unique signe de vie dans cette grande chambre blanche où le silence règne en maître.

Affaissé sur une chaise collée à un lit, un homme semble somnoler.

Cheveux en bataille et traces rougeâtres en évidence sur sa chemise, lui donnent un aspect général plutôt négligé.

Antoine n'a plus vraiment l'allure de l'homme frétillant arrivé hier à Lisbonne. Le fait qu'il ne soit pas rasé amplifie son apparence peu soignée, et ses traits tirés laissent présumer d'un important état de fatigue.

Il respire de façon saccadée comme s'il ne dormait pas vraiment, donnant l'impression de lutter pour tenter en vain de se maintenir en éveil. Son bras droit pend le long de son corps, tandis que l'autre demeure à moitié posé sur le lit contre lequel sa chaise est adossée, comme s'il cherchait tout en somnolant à garder le contact avec un précieux trésor qu'il aurait pour mission de surveiller.

Une forme humaine presque entièrement recouverte d'un drap blanc est allongée sur ce large lit. Les quelques tuyaux que l'on aperçoit relient probablement ce corps à la vie, comme les racines d'un arbre relient son tronc au sol.

Seuls quelques bruits feutrés et lointains émanant des couloirs de la clinique viennent parfois perturber la quiétude infinie régnant dans cette chambre.

Le temps projette son film lent et uniforme dans lequel ne se côtoient que tranquillité et silence.

La masse humaine inerte étendue sur le lit semble subitement légèrement bouger, changeant alors la forme de quelques uns des plis du drap qui la recouvre.

- Où suis-je ? Qu'est-ce qui m'arrive ?  Ces mots perturbent à peine le silence quasi-religieux depuis trop longtemps installé dans cette chambre.

 

 

 

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