Aucune réponse ne vient. Antoine ne bronche pas, visiblement emporté par son sommeil. Le silence redevient maître des lieux pendant quelques secondes, quand brusquement...
- Ouaiiis ! Crie soudain
Antoine, sortant subitement de sa torpeur et prenant l'air victorieux caractéristique des grands sportifs qui viennent de remporter une grande épreuve.
- Que
se
passe-t-il
?
Demande
la
jeune
femme
allongée,
et
quasi-méconnaissable, car masquée
par
l'enveloppe
composée de la désormais bien visible multitude de tuyaux
qui
entourent
son
corps
tout
drapé
de
blanc, ainsi que par un bandeau bleu foncé autour des yeux.
- Bonjour, dit Antoine. Vous
revenez
de
loin,
d'un
grand
voyage. Ca va ? Sentez-vous
des
douleurs
quelque
part
?
La jeune femme prononce
à
peine
le
mot
"non",
ce
qui
rassure
le
jeune
homme
visiblement
exténué,
mais
soulagé
par
ce
réveil
tant
attendu
et
par
ces
quelques
mots simples
mais synonymes de vie.
- Qu'est-ce
qui
m'arrive
?
Demande
à
nouveau
la
jeune
femme,
tandis
qu'une
soudaine
vague
d'inquiétude
se
devine
dans le léger tremblement de sa voix.
- Ne
vous
en
faites
pas. Répond-il.
Maintenant
tout
va
bien.
Vous
allez
bien.
Le
plus
dur
est
passé.
- Pourquoi
fait-il
noir
?
Demande-telle.
Pourquoi ai-je les yeux bandés ?
-
Surtout restez
tranquille,
ne
bougez
pas.
Ne
forcez
pas.
-
Mais
pourquoi
ne
puis-je
pas
vous
voir
?
Vous
êtes
bien
Antoine ?
-
Vous
vous
souvenez
de
moi,
c'est
bon
signe.
Dit-il
en
s'asseyant
sur
le
rebord
du
lit.
- Racontez-moi
dit-elle.
Ce qu'il
s'empresse
de faire.
-
Nous étions dehors et nous
téléphonions tout en marchant. Vous
avez
traversé
la
rue
devant
un
bus
arrêté.
Mais
ce
bus
en
cachait
un
autre qui vous a percutée.
Le
choc
fut
brusque.
Vous
avez
été
projetée
à
quelques
mètres.
Et
vous
êtes
restée
dans
une
sorte
de
coma
depuis
près
de 24
heures. Mais à priori vous n'avez rien de grave, rien que des petites blessures superficielles. Cependant le choc vous a sonné, et il était nécessaire que vous repreniez conscience assez vite.
-
Quel
jour
sommes-nous
?
Nous
sommes
toujours à
Lisbonne
?
Et
mes
affaires
?
On
a
prévenu
mes
parents
?
Il
ne
faut
pas....
Les
questions
se
succèdent
à une cadence
vive,
prouvant qu'elle
a bien récupéré tous ces sens. Tous ?
-
Je ne peux pas vous voir Antoine. Ajoute-elle.
Que se passe-t-il ?
-
Calmez-vous,
dit le jeune homme.
Je
vais
vite
prévenir
le
médecin. Il va tout vous expliquer. Surtout ne
bougez
pas et ne touchez à rien. Promis ?
Sans attendre la réponse de la jeune femme, Antoine
part
dans
les
couloirs
et
trouve
très
vite
le
médecin
et
les
deux
infirmières
qui
se
sont
occupées
de
la
jeune
accidentée. A voir la mine réjouie du jeune homme,
ces derniers
comprennent
aussitôt
que
la
jeune
femme
a
retrouvé
ses
esprits.
Ils
se
dirigent
alors tous ensemble
vers
la
chambre 23 où elle se trouve.
-
Docteur,
une
question,
dit
Antoine tout en marchant.
Elle
parait
avoir retrouvé
tous
ses
esprits et elle est parfaitement consciente. Mais
au
niveau
de
la
vue ?
-
Comme
je
vous
l'ai
dit
cette
nuit, Il n'y a pas de lésion au niveau des yeux. Il y a manifestement un trouble fonctionnel du système optique du au traumatisme, mais il peut être anodin, comme grave.
Le
choc
a
eu
lieu
à
un
endroit
très spécifique. Le
nerf
optique a
été
touché et
tout
est
possible.
Cela peut être un simple rétrécissement passager du nerf, une sorte de contraction en réaction au choc, ça arrive parfois. Mais ça peut être aussi une véritable lésion. Ca n'en a pas l'air d'après les examens, mais nous
serons
fixés
dans
3
à
4
jours.
- Et si elle ne recouvre pas la vue au bout de 4 jours ? Dit Antoine. C'est fichu ? Je veux dire, elle est... ?
- Pas nécessairement. Si
cela
persistait,
il
faudrait
tenter
le
tout
pour
le
tout, mais
avec
assez
peu
de
garanties.
Au fait, vous
êtes
de
la
famille
?
-
Euh,
oui,
enfin
non,
un
ami, répond Antoine.
-
D'accord.
Alors
je
peux
être
plus
direct
avec
vous.
En
fait,
elle
a
actuellement
50%
de chances
de
recouvrer
la
vue normalement.
Si
après
4
jours
elle
ne
retrouve
pas pleinement son acuité visuelle,
ce
sera
très
difficile.
Si
par
contre
elle la
récupère totalement,
vous
pourrez
l'emmener
en vacances, car
sur
le
plan
général tout
va
bien.
Quelques
hématomes,
mais
ce
n'est rien.
Elle
a
eu
beaucoup de
chance.
Ne
vous
faites pas trop de bile, précise encore le médecin, d'après
les
radios
et
les analyses je suis plutôt confiant.
Cependant
c'est
une
zone
trop
fragile
non
propice
aux certitudes.
Vous comprenez ? Seule
sa
récupération
intégrale de
la
vue
pourra
nous
le
confirmer.
Tandis qu'ils continuent à marcher en direction de la chambre, Antoine
ne
semble
plus
écouter.
Il
parait
ailleurs,
dans
une
sorte
de
nuit
lointaine.
La
fatigue
commence
à
se faire
pesante, car il
est
sur le qui-vive depuis
l'accident.
Le tumulte, le stress
et
le
manque
de
sommeil commencent
à
peser
depuis
plus de 24
heures. Il a seulement retenu les 50 pour cent de chances pour que tout se passe bien... ou mal.
Ils
arrivent
à hauteur de
la
chambre
de
la
jeune
femme.
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