portugaise

La Portugaise

28

 


 

 

 

Elle reste seule dans la chambre et se dirige lentement et à tâtons vers la petite table sur laquelle trône désormais le bouquet de roses bien blotties dans leur vase. Elle se penche afin de sentir leur parfum, et semble pensive.

- Antoine est complètement fou, se dit-elle intérieurement. Complètement fou, mais adorable, semble préciser son large sourire. Je le connais à peine, et pourtant il se montre si gentil et si attentionné.

- Ma petite dame, il faut dire à vos visiteurs de bien refermer la porte ! Lui dit soudain une voix qui la sort de ses rêveries. Il s'agit d'une infirmière, qui en passant dans le couloir et en voyant la porte de la chambre grande ouverte, tenait à expliquer à la malade que les portes doivent demeurer fermées pour des raisons d'hygiène et de sécurité.

Apercevant la taille du bouquet de roses que l'on vient d'apporter à la jeune patiente, l'infirmière ne peut s'empêcher de pousser un cri : Pas possible ! Je n'ai jamais rien vu de pareil ! Rien que le vase qui les contient, c'est du délire. On vous les a offertes ?

- Oui, euh... je crois. répond la patiente. Elles viennent d'arriver. Elles sont belles ?

L'infirmière prend soudain conscience que la jeune femme est dans l'impossibilité de voir les fleurs qu'elle vient de recevoir, et comprend sa probable frustration. Une femme se met facilement à la place d'une autre femme. Or pour une femme, des fleurs sont bien plus qu'un simple présent. Elle représentent des poussières d'étoiles colorées, synonymes de plaisir, de fantaisie et de charme... quand ce n'est pas d'amour.

Elle se met alors à décrire le bouquet à la patiente avec une sorte de tendresse dans la voix. Ce sont de très belles roses, de magnifiques pièces, insiste-t-elle. La composition est très originale. C'est vraiment beau. C'est magnifique. Un vrai festival de couleurs bien harmonisées. Quelle chance vous avez. Conclut-elle avec enthousiasme.

La jeune femme ne répond pas immédiatement. Elle s'est assise sur le bord de son lit, et semble soudain envahie par un air triste.

- De la chance. Dit-elle. Je ne sais pas. Je ne sais pas encore. Je verrai ça dans trois jours. Conclut-elle.

- Allons, allons ! Enchaîne l'infirmière d'un ton encourageant. Il faut y croire. Je suis certaine que vous n'êtes pas du genre à vous laisser abattre.

On frappe alors brusquement à la porte de la chambre, que l'infirmière a finalement laissée entrouverte tout en discutant avec la jeune patiente.

Après que l'autorisation lui en ai été donnée, un jeune homme entre dans la chambre. Bonjour, dit-il. Re-bonjour. Je suis le livreur des fleurs, dit-il à l'habitante de la chambre 23, ignorant presque l'infirmière présente.

Il enchaîne tout en balbutiant... - Je pourrais vous voir seule ? Demande-t-il.

- Oui, bien sûr, répond l'infirmière à la place de la jeune femme. La soignante s'empresse de joindre le geste à la parole et sort de la chambre, laissant la patiente et le livreur en tête à tête.

 

 

Tournez la page

 

 

La portugaise - © Portugalmania