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La Portugaise

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Elle est consciente que son corps s'imprègne déjà de signes flagrants de désir. Sa féminité prend le large. Tiens-bon la barre.

Des vagues déferlantes commencent à tracer des évidences d'envie. Elle tangue, puis s'accroche à un nuage bleu et se laisse avaler par les airs. Il approche de plus en plus la main de son corps. Sous le drap il règne une chaleur subtile. Elle ne sait pas si elle doit la comparer à un délicieux feu de bois ou à un merveilleux été, mais elle apprécie à sa juste valeur cette flamme envahissante qui la submerge déjà, tout en se trouvant encore à quelques centimètres d'elle.

Sa courte chemise de nuit n'est pas un obstacle puisqu'elle semble se retrousser seule, lentement, comme par magie. Ce dernier rempart vaincu, le contact se fait. Il est à la hauteur de ses attentes. Subtil, mais charnel et envoûtant. Main contre corps, dans l'obscurité des replis du drap, tout devient dorénavant vraisemblable et précieux.

Les doigts dessinent quelques cercles sur sa peau. Ils ébauchent des petits mouvements tortueux qui peu à peu font tourbillonner ses sens. Elle jubile, bien consciente que les effleurements délicats et les caresses alternant entre l'extérieur et l'intérieur de ses cuisses, deviennent aventureux et intrépides, et montent peu à peu de plus en plus haut... très haut... trop haut... Elle s'abandonne.

Le nuage bleu auquel elle a accroché sa volonté, l'a probablement déposée sur une sorte de plage déserte, une charmante petite crique d'amour dont l'existence-même est un secret uniquement partagé par des amants éprouvant une passion mutuelle, et où il ne règne que quiétude et douceur. Les incertitudes de l'inconscient y disparaissent dans les gouffres de l'intimité.

Elle demeure allongée et immobile, incapable d'une quelconque réaction autre que celle consistant à s'offrir. Sur le sable moelleux elle dessine en pensée un cœur immense qui palpite en suivant la cadence des tendres caresses qui inondent son corps.

Le ciel s'emplit d'une multitude d'étoiles que le scintillement transforme en un gigantesque voile de lumière, venu subitement s'accrocher aux doigts caressants et ingénieux de cette main douce appartenant à l'homme qu'elle appréciait déjà pour sa gentillesse et son humour, et qu'elle aime désormais aussi pour la sensualité dont il sait l'envahir avec une dextérité d'artiste talentueux.

Elle devient à la fois ange et démon, se métamorphosant au gré des instants en Déesse aux sensations contradictoires. Elle se délecte, désireuse de tout, se riant du ciel, et conjuguant la réalité à l'infini. Elle est forte, elle est frêle, elle est femme...

 

 

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La portugaise - © Portugalmania