La
journée s'est écoulée assez rapidement pour
la jeune patiente. Après qu'Antoine ait
pris congé d'elle suite à deux longues heures
d'échanges verbaux continus, elle a pu ensuite
reprendre un peu ses marques grâce à
quelques unes de ses affaires contenues
dans ses valises, et s'est occupée d'elle
même dans cette noirceur forcée que lui
impose son bandeau sur les yeux.
Elle se sent maintenant
d'une fraîcheur parfaite et s'allonge sur
son lit.
Je crois que nous sommes
le 3 avril. Le 5, je serai fixée. Quelle
heure peut-il être ? Pense-t-elle.
Deux légers coups donnés
à la porte de sa chambre viennent apporter
la réponse à sa question. "Il
est dix-huit heures trente, l'heure des petits
soins." Dit une des deux infirmières
qui font immédiatement éruption dans la
blancheur des lieux, enlevant la jeune femme
à la tranquillité dans laquelle elle
s'était plongée.
Une dizaine de minutes
après...
- Voilà qui est fait.
Maintenant le docteur qui vous suit va venir
vous voir dans quelques minutes, dit l'une
des infirmières. Il va vous emmener faire
un examen important.
- D'accord. Répond-elle.
Dois-je m'habiller ou faut-il que je fasse
quelque chose au préalable ?
- Non, il n'y a besoin
de rien de spécial. Répond la soignante.
Tenez-vous uniquement prête à le suivre.
Le médecin ne tarde pas
à arriver. Il dialogue longuement avec
sa patiente, avant qu'un infirmier ne l'emmène
vers une sorte de pièce froide dans laquelle
elle effectuera toute une série de tests.
Ces examens approfondis des yeux vont
probablement pouvoir révéler des premières indications
quant aux chances de guérison de la jeune
femme.
Deux heures après...
- Bon. Ce ne sont que
des tendances, commence à dire le médecin
à sa patiente avec une évidente prudence. Ce n'est donc pas significatif,
et ne vous alarmez surtout pas, poursuit-il,
tandis que la jeune femme prend conscience
que les mots qu'elle va entendre risquent
de ne pas la réjouir.
- Il entame alors des
explications dans des termes techniques
que son interlocutrice a un peu de mal à
suivre. Elle l'écoute cependant religieusement
jusqu'au bout, et comprend en finalité que
la partie ne semble pas gagnée.
Elle ne perd cependant
pas pied, et pose de multiples question
précises à son interlocuteur, qui d'une
grande réceptivité, répond précisément à
toutes les interrogations de sa patiente.
Il s'aperçoit néanmoins que la voix de la
jeune femme devient de moins en moins posée,
et tente alors de la rassurer autant qu'il
peut.
- Vous savez, dit-il,
comme vous l'avez vu sur ce schéma, c'est
une question purement mécanique. La réaction
du nerf se fera... ou pas. Et à l'heure
qu'il est personne ne peut encore savoir
dans quel sens cela évoluera. Il faut vous
armer de patience. Demain, nous referons
le même contrôle afin de suivre l'évolution
des choses. Finit-il.
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