En
route pour le changement...
Après
être venu chercher la jeune femme dans sa
chambre, Rogério, l'ambulancier muet, l'aide
maintenant à prendre place à l'arrière du
véhicule qui va conduire la patiente vers
sa nouvelle destination.
La voiture démarre. L'ambiance
de la ville se fait sentir. La jeune femme perçoit
les odeurs et les sons dont elle a
été éloignée quelques jours par les circonstances
et les caprices de la vie. Elle savoure
déjà ces courts moments de liberté relative
que ce transfert ne peut que lui procurer.
Ne plus être enfermée dans un contexte de
clinique ne peut effectivement qu'être bénéfique.
Elle se sent curieusement
bien. C'est comme si elle était une banale
passagère dans un taxi et qu'elle se promenait
en voiture à travers Lisbonne. Elle se sent
belle, et s'enivre presque de ces instants
futiles qui lui font oublier que demain
elle saura probablement si elle fait ou
pas partie des personnes qui n'ont
pas la chance de voir le soleil.
- Je sens que la température
est bonne. Mais est-ce qu'il fait beau ?
Est-ce que le ciel est bleu ? Demande-t-elle
à son conducteur.
Après quelques instants,
ce dernier lui répond par un marmonnement
interprété par la jeune femme comme une
approbation.
- Vous habitez Lisbonne
? Questionne la jeune patiente visiblement
désireuse de communiquer avec l'ambulancier.
Un seul "Hum"
de la part de son interlocuteur, renseigne
sa passagère, qui comprend néanmoins que
la communication n'est pas aisée, et qui
ne souhaite surtout pas agacer Rogério avec
ses questions. Elle se plonge dans le silence,
qui lui fait mieux percevoir les bruits
de la ville, tandis que la voiture file
visiblement à toute allure à travers les
rues de la capitale portugaise.
- Excusez-moi, mais vous
n'allez pas un peu vite ? Questionne-t-elle.
Elle poursuit... Et vous n'utilisez-pas votre
gyrophare ? Je suis désolée de vous poser
ces questions. Ce doit être le fait de ne
pas voir qui amplifie la sensation de vitesse.
Ne tenez pas compte de mes remarques, finit-elle
avec un évident désir de ne pas embêter
son chauffeur.
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