Moment de vérité
Ce
beau recoin de l'esplanade du Chapitô offrant
une vue plongeante sur Lisbonne restera
probablement et quoi qu'il en soit, un souvenir
amusant et impérissable dans la mémoire
de deux terriens ordinaires...
... Au fond pas si ordinaires
que cela car chaque seconde qu'ils vivent
sont des instants extraordinaires de bien-être
simple mais appréciable, ressenti par deux
êtres qui se plaisent à être ensemble, et ils
le sont.
La voiture qu'ils ont
lentement regagné en se tenant
par le bras, file désormais en direction
de Setubal, ville
située au sud de Lisbonne. Antoine a en
effet proposé à
sa compagne de circonstance de faire ensemble
un tour
en bateau dans la baie de Setubal, se situant
à la sortie de la ville et aux pieds
de
la magnifique côte verdoyante de l'Arrabida.
Une fois sortis de Setubal,
ils longent paisiblement la côte jalonnée
de plages paraissant participer à un concours
de beauté. Etendues de sable et petites
criques d'amour pointent leur nez par alternance.
Plage du Portinho da Arrabida.
Petit havre de paix tendant ses bras aux deux visiteurs qui s'empressent
de louer un bateau,
sans trop de mal d'ailleurs à cette époque de l'année.
Partis. Les voilà dansant déjà
avec les eaux limpides du royaume des dauphins
au Portugal.
- La baie de Setubal
est en effet l'endroit
du Portugal concentrant le plus grand nombre
de dauphins. Il faut cependant un peu de
chance pour parvenir à les voir.
"Mais après tout le but n'est pas spécialement
de voir des dauphins, mais de ressentir quelques
agréables
sensations en bateau". Dit Antoine, tout en
se concentrant sur le pilotage du bateau.
- Et de
toute façon, aujourd'hui ils sont déjà venus à nous dans la marina de
Cascais. Les présentations sont donc faites.
Répond la jeune femme en souriant.
Tandis que le bateau
déchire les vaguelettes étincelantes
des eaux de la baie, Antoine s'applique
à décrire constamment à sa passagère le
somptueux paysage qui s'offre à leur regard,
du moins à celui d'Antoine, dont les
explications tentent de remplacer le sens qui
fait cruellement défaut à sa passagère.
Cette baie figurant au
palmarès des plus belles du monde laisse
facilement percevoir quelques uns de ses trésors. Les
plages et les criques enfouies dans la verdure
paraissent couler des cimes de la montagne
environnante (Serra da
Arrabida). La végétation,
les rochers,
ainsi que le bleu du ciel et des flots sont
confortés par une totale harmonie.
Le mot nature a ici encore un sens, celui de la
conjugaison des éléments et des couleurs.
La vitesse enivre quelque
peu la jeune femme, qui apprécie à sa juste
valeur cette sensation de liberté relative.
Ses cheveux volent au vent, incontrôlables
et sauvages.
Sensations étranges et grisantes. Un sourire
de plénitude colle à ses lèvres comme les
poissons à la mer. Elle déguste chaque seconde
qui passe et chacune des vibrations de l'instant.
Chaque mot d'Antoine lui sert de
regard indirect.
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