portugaise

La Portugaise

54

 


 

 

 

Essentiellement concentré sur Fatima et la foi, le dialogue s'est ainsi poursuivi un bon quart d'heure entre la patronne du café et son client.

Antoine a maintenant regagné sa voiture avec l'intention de se rendre à la clinique. Quoique... se dit-il intérieurement...

En effet, elle doit encore dormir, et au fond est-ce bien utile qu'il se rende à son chevet avant que l'examen ait lieu ? Pense-t-il.

La fatigue générée par sa nuit blanche le gagne de plus en plus.

Va essayer de te reposer un peu ! Se dit-il en se dirigeant déjà vers son hôtel. Ce petit déjeuner pris à l'extérieur m'a un peu changé les idées, et maintenant deux ou trois heures de sommeil ne me feront pas de mal. Et ensuite direction la clinique !

C'est la sage résolution qu'il vient de prendre à l'instant et qui lui semble la plus bénéfique.

***

Deux heures de sommeil suffisent parfois à remettre les idées en place et à faire retrouver de la vigueur à un corps fatigué.

Ayant complété ce court mais bénéfique traitement par une bonne douche généreuse, Antoine se sent désormais dans une forme resplendissante et se met en route pour la clinique. Quel que soit le verdict, il emmènera la jeune femme en balade pour l'après-midi, afin qu'elle se change les idées. C'est du moins ce que lui a consenti le docteur hier par téléphone, après il est vrai une "âpre négociation".

Très vite arrivé à la clinique, il trouve la chambre 23 vide. Il se dirige vers la salle des infirmières où là non plus, il ne trouve aucun signe de vie.

Il arpente alors les couloirs en quête d'une hypothétique âme pouvant le renseigner sur le lieu où se trouve la jeune femme. Rien. La clinique paraît inexplicablement désertée. Il est un fait que c'est l'heure du déjeuner, ce qui lui semble être l'explication la plus plausible.

- Monsieur !

Entendant une voix au lointain qui l'interpelle, il se retourne et voit une jeune infirmière qui s'adresse effectivement à lui de façon certaine.

Elle affiche un sourire radieux et ses yeux brillent d'un éclat qui contraste avec l'aspect plutôt terne des lieux. A mesure qu'elle s'approche de lui, elle regarde Antoine avec une curieuse insistance avant de le saluer chaleureusement.

Ce rayon de soleil apporte un peu de baume au cœur d'Antoine qui voit dans ce comportement un signe positif quant aux nouvelles.

- Je présume que vous venez prendre des nouvelles de votre sœur ? Lui demande la jeune infirmière.

- Euh, oui, enfin non. Je viens aux nouvelles de la patiente qui se trouve dans la chambre 23. Répond Antoine surpris par la question.

- C'est ce que je pensais. Quel charme elle a ! Ca tient de famille, finit-elle de dire, tout en offrant à Antoine un sourire d'une remarquable intensité.

- Euh... Vous connaissez ses parents ? Bredouille-t-il étonné.

- Vos parents, non, mais ça se voit tout de suite que la famille possède un charme particulier, qui j'avoue me fait craquer. Finit-elle.

Antoine ne comprend rien à ce que lui dit la jeune infirmière. Il ne cherche même pas à réellement saisir le sens de ces mots car son esprit est ailleurs.

- Vous avez des nouvelles ? Savez-vous si elle a fini son examen ? Je suis allé à la chambre mais il n'y a personne. Dit-il.

- A la chambre ? Non, bien sûr. A son réveil on l'a emmenée au centre afin qu'elle y subisse un examen approfondi. C'est là-bas que se passent tous les tests de grande importance. Elle est partie à onze heures. Et ne vous en faites pas car je me suis bien occupé d'elle. Répond l'infirmière.

- Au centre ? Hors de la clinique ? Demande Antoine.

- Oui, bien sûr. Le centre se trouve à un quart-d'heure d'ici. Elle y est allée en ambulance. Mais ne vous inquiétez pas car c'est la procédure classique. Je pense que dans une demi-heure elle devrait être revenue. Dit-elle en regardant sa montre. Venez avec moi, je vous offre un café en attendant. Finit-elle.

Antoine la suit machinalement, et ils se retrouvent dans une petite salle servant probablement de lieu de décompression au personnel de l'établissement. Elle prépare deux cafés et commence à rassurer Antoine quant à l'état de "la patiente de la 23".

- Ne vous inquiétez pas inutilement car la médecine a fait d'énormes progrès et tout demeure toujours possible. Rassurez-vous, car nous ferons tout le possible pour la sortir de sa pénombre. Au fait, - poursuit-elle - Je vous ai vu à chaque fois que vous êtes venu, mais je n'ai jamais osé vous aborder. La timidité, sans doute. Finit-elle par dire.

- M'aborder ? Euh... Bafouille-t-il sans trop comprendre.

- Elle ne fait que dire du bien de vous à qui veut l'entendre. Vous êtes un peu son Dieu. Comme j'aimerais que mon frère et moi ayons une complicité aussi belle. Dit-elle, en changeant de sujet.

L'homme est perplexe et comprend de moins en moins le discours de la jeune femme, mais il oriente vite la conversation sur la seule idée qui le préoccupe.

- Vous avez vu son dossier ? Vous avez accès à toutes les données médicales ? Que pensez vous de ses chances de s'en sortir ? Demande-t-il.

- Ecoutez, avant le résultat de l'examen approfondi d'aujourd'hui, il est impossible à quiconque de se prononcer. Personne au monde n'est en mesure de savoir. Il faut attendre et rester confiant. Ne vous en faites pas. Finit-elle en lui prenant tendrement la main.

Cette marque de gentillesse touche Antoine, qui regarde alors la jeune femme tendrement, en guise de remerciement de sa compassion et de la délicatesse qu'elle lui témoigne.

Cette clinique a vraiment un personnel incroyablement attentionné, pense-t-il, avant que les lèvres de la jeune infirmière ne viennent se joindre furtivement aux siennes.

- Hummm... Hé... Qu'est-ce que ....

Interloqué, Antoine recule sa tête tout en fronçant les sourcils, ne comprenant décidément rien au contexte. Ou plutôt si, il vient au moins manifestement de comprendre qu'il plaît à la jeune infirmière.

Mais tout de même, quel culot ! Pense-t-il. Surtout vu le contexte, elle est gonflée, la nana. Finit-il de penser intérieurement, tandis que l'infirmière s'en va lui faisant un énorme sourire ainsi qu'un signe de la main en guise d'au-revoir.

- A bientôt j'espère. Il faut que j'y aille. Patientez un peu et soyez dans la chambre 23 dans une demi-heure environ. Elle devrait s'y trouver en compagnie du docteur. Termine l'infirmière avant de disparaître pour de bon.

Antoine reste seul dans la petite salle, encore surpris par la scène qui vient de se dérouler. Il finit tranquillement son café, et une dizaine de minutes plus tard il commence à se diriger vers la chambre 23, non sans une certaine appréhension.

 

 

Tournez la page

 

La portugaise - © Portugalmania