Les lettres portugaises
Mariana
Alcoforado, (1640 - 1723) était
une religieuse du couvent "Convento
da Conceiçao" situé
dans la ville de Beja,
au Portugal.
On
a attribué à Mariana
un chef-d'oeuvre littéraire
édité à
Paris le 4 janvier 1669 par
Claude Barbin, ayant pour titre
"Lettres portugaises"
et paru sous auteur anonyme.
(sans nom d'auteur). Dès
leur parution,
ces lettres
d'amour
reçurent
un large accueil de la part des lecteurs et eurent
de suite un incroyable
succès.
Même
année... Lettres d'une
religieuse portugaise
Dans
la même année,
les mêmes lettres parurent
à Cologne, mais sous
le titre "Lettres d'amour
d'une religieuse portugaise".
La parution de ces dernières
fut accompagnée
d'une note informative, stipulant
que ces lettres d'amour étaient
dirigées à Noël
Bouton, marquis de Chamilly, un officier français se trouvant au Portugal. La note précise encore
que les
lettres avaient été
traduites du portugais par Gabriel-Joseph
Guilleragues, secrétaire de Louis XIV. Ce chef-d'oeuvre fut ensuite traduit dans de multiples langues, tant sa qualité marqua son époque
et bien
au-delà.
Ces
lettres
d'amour
devinrent
une référence et
"le"
modèle
de la lettre
d'amour
par excellence, voire
même
de l'art
d'aimer.
Stendhal qualifia par la suite ces lettres portugaises
"d'immortelles".
Un
roman dans le roman... Les
lettres
portugaises
sont en soi un roman
passionnant
d'un amour
passionné.
Mais il va bien
au-delà, puisque le roman lui-même
suscita des interrogations
quant à l'authenticité
de son auteur.
D'aucuns commencèrent
en effet à douter de la paternité
des lettres portugaises, créant ainsi une
légende autour
del'oeuvre elle-même
: il se pourrait que
les lettres
portugaises
n'aient
pas été
écrites
par une
religieuse
portugaise, à
qui on en attribue la
paternité.
Naquit alors une polémique
autour de cette œuvre que beaucoup
attribuèrent en fait à
Guilleragues, celui-là même qui déclara avoir traduit les
lettres.
Le
doute
s'estompa
cependant
peu à peu, aidé
en cela par de
nombreuses personnalités
de l'époque,
dont des
écrivains
français
célèbres.
Mieux... En 1810,
Boissonade déclara même avoir
trouvé un manuscrit des
"lettres de la religieuse
portugaise" indiquant alors le
nom de l'auteur de ces lettres,
une certaine... Mariana Alcoforado,
religieuse à Beja, au Portugal. Qu'importe.
Le doute et la polémique n'en sont
pas totalement estompés pour
autant.
L'être
humain
est par nature
friand de légendes.
Sans
doute par
fanatisme,
intérêt,
ou
par simple
volonté
de vouloir
faire perdurer
le mystère,
on alla jusqu'à
remettre
en question
l'existence-même
de la
religieuse
du couvent de Beja. Peine perdue, car une "enquête" vint
vite
confirmer que Mariana Alcoforado a
bien existé,
et a effectivement
été religieuse
à
Beja.
L'auteur de ce chef-d'oeuvre est-il réellement
Mariana, ou plutôt Guilleragues,
dont "on" aurait reconnu "le style", et
qui aurait sorti ce roman de
son imagination ?
Le Portugal
a toujours revendiqué la paternité de ces cinq lettres, mais plusieurs siècles après... l'énigme n'est toujours pas résolue, et le mystère
demeure intact. A travers
les siècles,
entre ceux, tels Jean-Jacques Rousseau,
ou l'Abbé
de Villiers intimement convaincu qu'un tel ouvrage ne peut effectivement avoir été
écrit par un auteur
véritablement "touché
par des
passions qu'il
voulait exprimer";
et ceux
qui ont clamé que
de pareilles
lettres ne peuvent avoir
été
rédigées que
par un
"maître
de l'art
épistolaire",
comme l'était,
par
exemple, Guilleragues; la bataille
a fait rage,
maintenant le
doute et immortalisant le
mystère.
Roman
épistolaire, une histoire
d'amour
Cette œuvre littéraire est
un roman épistolaire et
se présente sous forme
d'un monologue écrit
en cinq lettres d'amour adressées
par Mariana à son amoureux.
A travers ces lettres dirigées à
son
amant, Mariana Alcoforado
retrace le
vécu
de
son histoire
interdite avec
Noël Bouton, marquis de Chamilly, un chevalier français se trouvant alors
au Portugal. Depuis 1669, ces fabuleuses cinq lettres
d'amour ont été éditées des centaines de fois, et ont suscité la
création d'oeuvres en tout genre, tels des poèmes, des
pièces
de théâtre , des films,
ou des oeuvres musicales. Une
œuvre impérissable
et unique.
En
abordant ce roman, on s'aperçoit
du formidable contraste existant entre la qualité apparemment simple de l'écriture, et la structure méthodique de
l'oeuvre, manifestement
réalisée
en trois dimensions. Elle s'appuie sur le "
couple"
instant-sensation, sur la
chronologie obéissant
à un certain classicisme
évolutif,
et sur les strates forgées par les couches des aléas de la passion et des sentiments.
Cet
aspect procure ainsi un relief unique et fabuleux
à
l'oeuvre.
Probablement du jamais vu.
Respect. On comprend mieux
la raison de l'incroyable succès que ces
"lettres d'une
religieuse portugaise" ont obtenu,
et la qualité qui leur est attachée.
Les
cinq lettres écrites
par Mariana à son amant
sont considérées comme
les plus belles lettres d'amour jamais écrites dans l'histoire de la littérature. Elles ont inspiré une multitude d'ouvrages parus pendant plus trois siècles, et n'ont sans doute pas fini d'inspirer, comme Mariana inspirait
probablement quelques
fragments de l'air de Beja, lorsqu'elle
demeurait stoïquement
postée
à la fenêtre
du couvent, espérant... Lettres d'une religieuse portugaise
Mario Pontifice - Portugalmania
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Décembre
2007
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