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commence | Et tout commence...
Dès l'entrée
le ton est donné. La forme circulaire et
spécifique de l'arène nous fait comprendre
que l'on vient ici pour vivre des instants exceptionnels.
On se trouve plongés dans
un autre monde, en éprouvant la curieuse
sensation de revenir quelques siècles en
arrière dans la civilisation romaine. On ne serait pas étonnés de voir soudain
surgir un quelconque empereur.
Assis inconfortablement sur des
gradins de pierre, les spectateurs ne sont pas au
bout de leurs surprises.
Un trompettiste fait vibrer son
instrument, marquant ainsi officiellement le début
de la tourada. Les bruits de toute sorte s'estompent
vite. Du néant surgit un cavalier.
Fière allure
Dans
un habit de couleur vive brodé et étincelant,
le séduisant "acteur" a fière
allure sur son cheval somptueusement harnaché
avec soin et amour. Cheval et cavalier ont manifestement
été
préparés avec minutie jusque dans
les moindres détails.
Les deux "êtres"
font réellement "corps" et leur
totale complicité est vite perçue.
Le cavalier dont les habits de lumière éclairent
le talent équestre, manie le cheval avec
une aisance telle, que le mot perfection prend là
tout son sens. Ils semblent être collés l'un à l'autre comme un couple
inséparable.
Après un tour d'honneur
et un salut à la foule qui les encercle,
et afin d'échauffer sa monture, le cavalier
lui fait faire quelques exercices qui sont en fait
une véritable démonstration de dressage.
Un régal.
Tout apparaît magnifique
de simplicité. Tout semble naturel. On en
oublierait le temps, la patience, et le travail
considérable qu'il a fallu pour arriver à
un tel niveau de maîtrise.
Le Portugal il
est vrai, a une réputation de qualité
dans ce domaine et possède d'ailleurs de
très grands maitres hippiques de réputation
planétaire. Le cheval est un "lusitano",
race de pur-sang portugais de grand renom.
C'est alors que retentit
à nouveau la trompette, annonçant
l'entrée imminente de l'acteur suivant...
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Une
porte s'ouvre. Quelques quintaux d'énergie
et de fougue impressionnante enrobés de noir,
viennent brusquement nous sortir de notre admiration
pour la cavalier.
Le taureau, attiré par
le soudain éclat de lumière contrastant
avec le noir régnant de son box d'attente,
plonge dans l'arène sous les clameurs des
spectateurs. A quoi pense cet animal débarquant
ainsi brusquement dans ce piège circulaire,
lumineux et bruyant, et dont la magie passera forcément
par sa souffrance ? Le sait-il ? Le sent-il ?
Le but pour le cavalier va être
de planter des banderilles (farpas) à un
endroit précis du jarret du taureau situé vers
l'encolure. Mais ce dernier ne va pas s'en laisser
compter.
Le cavalier attire le taureau.
Ce dernier poursuit cavalier et cheval dans une
course effrénée et circulaire tout
autour de l'arène. Et on assiste à
une sorte de danse où technique et précision
sont des règles essentielles.
Le cavalier doit préserver
la vie du cheval, évitant qu'il se fasse
éventrer par les cornes du taureau. Et il
faut dire qu'il s'en faut de peu, le taureau frôlant
parfois le ventre du cheval, qui doit accomplir
des prouesses techniques réglées avec
minutie pour échapper à la fougue
de son poursuivant. Ses oeillères l'empêchent
de voir le danger. Il doit avoir une confiance "aveugle"
en son maître.
Quelques courtes pauses viennent
ponctuer la poursuite, comme des répits de
connivence voulus par les adversaires, mais ils
sont de courte durée. Et même pendant
ce temps-là, le cavalier doit rester vigilant
et attentif car un instant d'inattention pourrait
coûter la vie de son cheval, et peut-être
la sienne. Puis ils repartent de plus belle,
le taureau poursuivant le cheval afin de tenter de l'éventrer,
et le cavalier attendant le moment propice où
la position du taureau lui permettra de planter
sa banderille à l'endroit voulu. La perfection
du geste et la précision de l'impact déterminent
la qualité du cavaleiro.
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Une symphonie majestueuse
Les
spectateurs retiennent leur souffle. Le temps semble
s'être arrêté pendant que les
acteurs épousent maintes fois au galop, le
périmètre de l'arène dans le
sens inverse des aiguilles d'une montre.
Cheval et taureau semblent jouer
au jeu de la vie, entraînés dans une
sorte de farandole.
Le coeur des spectateurs bat
au rythme du galop du cheval. Ce dernier esquive
les assaults du taureau avec un brio que seuls l'instinct
de survie et une maîtrise parfaite de la part
du cavalier, peuvent justifier.
Le "cavaleiro", les
rênes dans la main gauche et le bras droit
prolongé d'une banderille tendue vers le
ciel, semble orchestrer avec majesté une
sorte de symphonie jouée par les hennissements
du cheval et le souffle du taureau. Le piétinement
presque régulier des animaux sur le sol bat
la mesure.
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Le courage du taureau
A chaque foulée
on craint pour la vie du cheval et presque pas pour
celle du taureau, qui pourtant se retrouve en l'espace
d'une seconde, avec une "farpa" plantée
sur son jarret, stoppé net dans son élan !
L'effet de surprise et
la douleur soudaine lui font accuser le coup. Il
se "cabre" puis secoue son corps sans
retenue comme pour essayer en vain de se débarrasser
de ce corps étranger qu'il arbore bien malgré
lui, tel un pinceau dégoulinant de peinture
rouge, sur un tableau noir et vivant.
L'animal n'est pas meurtri jusqu'au
plus profond de sa chair, mais seulement blessé
en superficie. Sa résistance naturelle et
sa vaillance instinctive le font vite récupérer.
Animal courageux par nature,
il ne sait pas que c'est justement ce courage hors
du commun, utile par nature à sa survie,
qui le fait être là dans cette arène.
Sans cette qualité innée, les touradas
n'auraient pas lieu. L'animal
se ressaisit. Il a perdu une
bataille, mais l'espoir demeure et il repart donc
à l'attaque de plus belle.
Ce rite se répète
ainsi maintes fois et presque à l'identique.
Au bout de quelques minutes, l'animal arbore sur
son dos et bien
malgré lui, quelques preuves
évidentes de la dextérité du
cavalier. Ce dernier a fini son travail,
et après avoir été acclamé par la
foule, il repart fièrement sur sa monture,
probablement satisfait
d'être vivant. Le taureau, quant à
lui en profite pour souffler et reprendre de l'énergie.
Pour ce faire, il se tient bien droit et presque
immobile en plein milieu de l'arène. Les
spectateurs en profitent pour relâcher un
peu de la tension qu'ils ont vécu. Mais ce
relâchement est de courte durée, car
le plus incroyable arrive...
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