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Amalia Rodrigues |
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Le temps nous propulse
vers la fin du siècle...
Lisbonne
grouille de vie
- Lisbonne se réveille
ce matin du six octobre 1999. Comme
tous les matins, la ville grouille de
vie et respire la mouvance. Les couleurs
de la capitale semblent se jouer de
la saison, et s'accrocher allègrement
aux éclats des teintes estivales
encore rayonnantes.
-
- Les quartiers populaires
où le fado est né dans
les premières décennies
du 19ème siècle, ont astiqué
leur âme afin de vivre une nouvelle
aventure, car une autre journée
commence. A chaque jour ses joies et
ses peines. Lisbonne est philosophe.
-
Silence,
on va chanter le fado
- Silence, car on va chanter
le fado ! Entend-t-on soudain à
la radio. Avant chaque spectacle de
fados, par tradition quelqu'un lance
en effet toujours cette phrase rituelle,
afin que l'on fasse le silence dans
le lieu où le fado va être
chanté.
-
- "Silence, car on va chanter
le fado", semblent répéter
des voix radiophononiques surgissant
à l'unisson d'on ne sait où.
Le silence se fait peu à peu,
étrangement dans tout Lisbonne.
Toute la ville se tait comme par magie.
Les mouvements s'estompent. Les ombres
des passants semblent curieusement se
mouvoir au ralenti, puis se fixer sur
le sol.
-
- Les rares bruits encore
perçus au lointain prennent subitement
une ampleur démesurée.
Les voitures stagnent aux feux tricolores.
Les rues deviennent inertes. Les couleurs
s'estompent, sous un soleil devenu étrangement
moins brillant.
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ESPACE |
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Etrange
rumeur
- Lisbonne semble
soudain inexplicablement
paralysée, frappée
par surprise, stupéfaite,
déconcertée...
Le silence persiste, trop,
beaucoup trop pour ne chercher
à propager qu'une
fausse rumeur.
-
- Le ciel est
devenu étrangement
lourd. Il semble porter
le pesant fardeau d'une
nouvelle impossible. Personne
ne réalise car personne
ne croit. Fait-on semblant
de ne pas comprendre, de
ne pas entendre ?
-
- Les terrasses
des cafés s'emplissent.
Comment rester debout quand
tout s'écroule? Les
attroupements se font un
peu partout. On chuchote,
on questionne, on veut se
rassurer, on s'assure...
La ville devient un
tableau figé, suspendu
à un fragile manque
de certitude.
-
- Les sept collines
de Lisbonne semblent s'aplatir,
comme pour mieux entendre,
pour mieux comprendre, pour
tenter d'y voir plus clair.
-
Interrogations...
- Le tage semble
avoir perdu sa majesté,
et se fond dans la quiétude
générale.
Les trajectoires des tramways
de lisbonne, vues d'en haut,
semblent dessiner d'immenses
points d'interrogation en
déambulant dans les
ruelles des quartiers typiques
de la ville.
-
- Soudain, près
d'une fontaine, naissent
alors les accords d'une
guitare, qui comme par magie,
jouent un air de fado. Avec
une limpidité étonnante,
ces accords s'élèvent
au-dessus des mêlées,
au-dessus de la foule clouée
sur place, s'engouffrent
à travers les ruelles,
et viennent raisonner dans
chaque oreille, narguant
l'incertitude, se moquant
du doute, et manquant du
plus élémentaire
respect, au sentiment généré
par la torpeur collective...
-
Instants
de doute...
- "Je
suis déjà
morte tant de fois... Peut-être
que quand l'heure sonnera,
je ne m'en rendrai même
pas compte", disait
Amalia quelques mois plus
tôt à une amie.
-
- Lisbonne est
abasourdie. Les peaux frissonnent.
La chair de poule gagne
tout un chacun. Les gorges
se serrent, les yeux interrogatifs
se lèvent au ciel,
ce ciel, qui dès
cette nuit sera encore plus
lourd, car il comprendra
une étoile de plus.
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amalia
© 2002 portugalmania.com Réalisation
intégrale, idée-concept, textes,
création, conception et composition
: Mario Pontifice © |
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