Tourisme au Portugal
La Confédération du tourisme portugais (CTP), par
la voix de son président Atilio
Forte, vient de demander au gouvernement
des mesures urgentes pour le tourisme.
Ce dernier
évoque la situation désolante du
tourisme au Portugal depuis 2001,
et prévoit encore une piètre
année 2005 pour le secteur.
Contrairement
aux intentions de l'actuel gouvernement,
Atilio Forte défend une stratégie
pour le secteur en faveur de
la hausse de la recette par touriste,
et non une augmentation du nombre
de touristes.
"Nous devons
profiter des touristes qui nous
visitent, et faire en sorte qu'ils
laissent davantage de recettes",
a-t-il suggéré, et ceci à travers
une amélioration de la recette touristique
per capita au Portugal de 1,5
à 2% au-dessus de la moyenne de
l'UE.
Evoquant la lourdeur
de la bureaucratie, il fait remarquer
par ailleurs que la réalisation
d'un project touristique réalisé
au Portugal doit obtenir l'aval
de 16 entités administratives différentes.
A titre d'exemple, il signale que
l'ouverture d'un hôtel au Portugal
requiert actuellement un processus
qui dure en moyenne 7 ans (de l'achat
du terrain à l'ouverture des portes).
Notes Portugalmania
:
Si sur
le plan de la lourdeur de la bureaucratie
pour la réalisation de tout project
touristique au Portugal, M. Atilio
Forte a parfaitement raison, sur
le plan de la stratégie à adopter
pour le futur du tourisme au Portugal,
il parait en total déphasage avec
la réalité et avec les besoins du
Portugal sur le plan du tourisme.
Le Portugal
est en effet une destination déjà
considérée chère. Viser une hausse des
prix supplémentaire, positionnerait
définitivement le Portugal dans
le club des destinations d'exception,
ce que le Portugal ne peut se permettre,
et ceci pour plusieurs raisons :
- "Profiter"
des touristes existants se rendant
au Portugal, c'est les faire fuir,
contribuer à diminuer la durée de
séjour moyen au Portugal, et ne
pas les inciter à revenir. L'effet
escompté serait inverse, car un
touriste "piégé", non
seulement ne revient pas, mais engendre
aussi des effets néfastes par l'information
négative qu'il véhiculera.
- Une destination
d'exception (chère), cible un segment
de touristes limité et réduit, d'une
très grande exigence. Elle requiert
des infrastructures touristiques
d'une qualité globale et constante,
que le Portugal n'est aujourd'hui
pas en mesure d'offrir.
- Une destination
chère est sujette à des effets
de mode. Une clientèle haut de gamme
ciblée sur son fort pouvoir d'achat
est extrêmement difficile à fidéliser,
et qui plus est restreinte. Viser
essentiellement par des prix élevés
une telle cible de touristes, c'est
mettre en péril l'avenir du tourisme
d'un pays, du fait de l'étroitesse
du segment visé et de ses envies très
changeantes.
- Une destination
chère se doit de pouvoir répondre
à des exigences particulières, telles
des séjours dans des infrastructures
offrant une "ambiance",
une "atmosphère" irréprochables, et
une panoplie hors-normes complète
de services clés-en-main, ce qui
n'existe pas au Portugal (à de très
rares exceptions).
- Le segment
de touristes à très fort pouvoir
d'achat est davantage demandeur
de destinations exotiques. Même
si le Portugal présente des aspects
pittoresques, cela n'est pas suffisant
pour répondre de façon durable aux
attentes d'une clientèle haut de
gamme.
- Une grande
proportion de la clientèle haut
de gamme est davantage friande de
destinations offrant de mers chaudes
voire très chaudes , ce que le Portugal
ne peut offrir.
- Restreindre
la cible des touristes et exclure
de fait, par le biais de prix élevés,
le segment des touristes "moyens",
conduirait à mettre en péril le
tourisme au Portugal, et à le rendre
trop dépendant des aléas de toute
sorte, (crises économiques, événements
et conflits, tendances, etc...).
Car en cas de "crise",
c'est la masse composée de
touristes"moyens" qui
peuvent assurer la survie de la
saison touristique d'un pays.
- Ne pas orienter
le tourisme vers les classes moyennes,
serait se priver d'une quote-part
des touristes et des recettes touristiques,
qui représentent généralement 80%
des recettes touristiques.
- Le tourisme
au Portugal demeure essentiellement
saisonnier. Le taux d'occupation
annuel moyen des établissements
hôteliers demeure faible,
voire extrêmement faible dans la
plupart des régions (hors capitale).
La stratégie de développement du
tourisme au Portugal, devrait au
contraire viser l'augmentation du
nombre de touristes, une répartition
optimisée sur l'année, optant
notamment pour une meilleure attraction
de ces derniers hors des périodes
estivales.
- Le Portugal
est perçu comme un pays ayant un
niveau de vie situé sous la moyenne
européenne. Ce qui est exact, puisque
le Portugal était fin 2004, le pays
ayant le plus faible PIB des 15
premiers pays de l'UE (hors pays
nouvellement entrés dans l'UE).
Afficher des tarifs hôteliers comparables
ou supérieurs aux tarifs pratiqués
dans des pays tels la France, ne
peut que surprendre et dérouter
les touristes, qui ne comprennent
pas la raison du niveau de ces tarifs,
vu que les charges les impôts et
les salaires y sont logiquement
moins élevés. Le prix des services
et notamment de l'hébergement, devrait
y être d'un niveau inférieur à celui
de pays économiquement plus forts.
Cet aspect est susceptible de détourner
une part non négligeable de touristes
vers d'autres destinations, offrant
des prix psychologiquement en adéquation
avec le niveau de vie du pays respectif.
- Le Portugal,
bien que pratiquant des tarifs
élevés en haute saison, est aujourd'hui
dans "l'inconscient collectif"
des touristes étrangers, encore assimilé
comme étant en concurrence
directe avec des pays tels l'Espagne,
la Grèce, la Turquie, la Tunisie,
le Maroc et bientôt la Croatie...
Or, la plupart de ces pays proposent
des packages et des formules "tout
compris", visant entre autres
une clientèle de touristes de gamme
"moyenne", désireuses
d'avoir "tout sous la main",
et de profiter du soleil, des
plages, de la découverte à la carte,
d'animations, de sport et activités
diverses, le tout à un prix attractif. Or
le Portugal ne répond actuellement
pas à cette demande.
Le pays
se prive donc de niches importantes
potentielles de touristes,
tels les amateurs de clubs de vacances,
mais également, et c'est réellement
dommage, d'une cible qui lui
serait pourtant facilement acquise,
celle de centaines de milliers de
lusodescendants, qui préfèrent ainsi
la plupart du temps, se rendre ailleurs
qu'au Portugal.
Il faut donc
souhaiter au contraire :
- Que les acteurs
du tourisme portugais ne soient
pas tentés d'augmenter davantage
les tarifs des prestations et des
services déjà élevés, qu'ils demeurent
conscients que la concurrence est
active, que les cibles ne sont pas
extensibles à l'infini,
et qu'une relative fidélisation
est largement bénéfique et préférable.
- Qu'une véritable
prise de conscience ait lieu sur
la nécessité d'étaler le nombre
de touristes tout le long de l'année,
et donc d'entreprendre les actions
marketing adéquates pour que le
nombre total de touristes augmente
globalement.
- Qu'il existe
un segment non négligeable de touristes
potentiels à priori facile à conquérir
par le Portugal, composé de personnes
d'origine portugaise résidant à
l'étranger, (2è et 3è génération),
qui sont des clients du Portugal
pré-acquis, mais aussi les prescripteurs
potentiels les plus efficaces qui
soient, à condition que le "message"
s'adressant eux ne se résume pas
à la nostalgie de retrouver leurs
racines, mais puisse être suivi
et constaté dans les faits, par
des prix globaux attractifs, propices
à les attirer, car l'aspect économique
est un facteur déterminant dans
le choix de la destination.
- Que la stratégie
de tous les acteurs du tourisme au
Portugal, y compris l'Etat, prennent
en compte un élément essentiel;
celui du réel respect envers
les touristes, et ceci sur tous
les plans.
Voir à ce propos
et à titre d'exemple :
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