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référendum sur l'avortement au Portugal - IVG au Portugal

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PORTUGAL

 

 

 

 

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Octobre 2006

 

 

 

 

IVG : Référendum au Portugal

 

 

 

L'avortement en débat au Portugal

Si les pays européens ont en majorité dépénalisé l'avortement, il n'en est pas de même au Portugal, qui possède d'ailleurs dans ce domaine une des lois les plus restrictives d'Europe.

Trois ans de prison pour crime

D'après la loi portugaise en vigueur, une portugaise ne peut pas se faire avorter. Et si elle le fait, son acte est considéré illégal. Elle risque alors une peine de trois ans de prison pour crime. 

Cette loi engendre de vastes dégâts, car si les portugaises ayant les moyens financiers peuvent se permettre de se rendre à l'étranger afin d'avorter; ce n'est pas le cas de 20 mille autres qui par contre avortent chaque année au Portugal en complète illégalité et souvent dans des conditions mettant leur propre vie en danger.

L'archaïsme des actes effectués clandestinement aboutit d'ailleurs à ce que 5 mille d'entre elles soient en moyenne chaque année transportées à l'hôpital en urgence suite aux conséquences d'un avortement effectué "en cachette" et dans des conditions sanitaires plus que précaires. D'autres, qui pour des motifs personnels les plus divers ne souhaitent qu'en aucun cas leur entourage puisse être tenu au courant, se morfondent dans un état de santé désastreux, et en conservent souvent des séquelles durables voire définitives.

Mauvais souvenirs...

Ainsi, Fernanda (nom d'emprunt) garde des séquelles à vie physiques et psychiques d'un dramatique épisode.

"Ma grande jeunesse à l'époque, l'absence d'information ainsi que mon manque d'assurance et de confiance en moi, m'ont amenés à me laisser très vite berner par un garçon alors que je n'étais qu'une enfant. J'ai voulu "mettre la charrue avant les boeufs" et je suis tombée enceinte. J'avais à peine 17 ans.

Le garçon s'est alors totalement désintéressé de la question. Rien. Aucun réconfort, aucun support moral ni conseil, aucun mot, aucun contact. Il s'est volatilisé en me laissant complètement seule avec ce terrible poids. Je suis devenue folle. Je n'en ai parlé à personne car si mon père l'avait appris il m'aurait tuée. Mais s'il avait appris après coup que j'avais avorté, il m'aurait tuée de la même façon.

Je tremblais car j'étais perdue et fragile mais j'ai néanmoins décidé de régler seule la question en silence. Je suis allée un jour dans une forêt pour faire "le nécessaire". J'ai baigné dans ma souffrance en pleurant, criant, hurlant;  J'avais mal au point que j'ai voulu mourir, et j'ai effectivement failli crever seule, car seuls les arbres m'ont tendu leurs bras. Je me suis terrée quelques heures comme un animal sans aucun soutien moral ni physique. Malgré la douleur et la souffrance je suis parvenue à rentrer chez moi et j'ai réussi à tenir cela secret. Je me demande encore comment. J'ai vraiment eu beaucoup de mal. C'était inhumain. Cet épisode atroce me hante chaque jour de mon existence.

Je ne suis pas morte physiquement mais je crois que je n'existe plus vraiment dans ma tête. Je ne sais pas si c'est ainsi pour toutes les femmes ayant du avorter dans l'illégalité et dans des conditions inhumaines et injustes, mais moi j'en garde des terribles séquelles. Je crois que je suis traumatisée à vie. Si ça avait pu se faire légalement en préservant l'anonymat et dans de bonnes conditions sanitaires, tout ceci aurait été évité. J'aurais été comprise, surveillée, soignée et soutenue, et au moins "j'existerais" probablement encore".

...

Quant à Alice, résidant à l'époque dans les faubourgs de Lisbonne, elle se souvient parfaitement du "film" vécu, de la vielle dame, de la peur au ventre, du contexte glauque, des douleurs, des cris et des conséquences. Un cauchemar. C'est le pire souvenir de ma vie et j'en ai voulu à la terre entière de m'obliger à accomplir ça dans de telles conditions. C'est aberrant de ne pas vouloir comprendre que chaque cas est unique, que chaque situation est en soi à respecter, et c'est ignoble de pousser dans ces limites des milliers de femmes qui n'ont pas forcément le choix, au risque de les tuer d'une façon aussi sinistre et sordide. Sans compter qu'elles doivent tout assumer sans aucun soutien psychologique.

A la question : "Et si c'était à refaire", elle répond : "Je ne sais pas, mais je crois que je n'aurais pas avorté, pas comme ça, mais sans doute par égoïsme car j'ai trop souffert. Mais cela aurait-il été mieux pour l'enfant ? Cela aurait engendré deux malheureux car je me serais prise pour une misérable toute ma vie, vu que j'aurais à l'époque du le confier à une institution. Un enfant mérite-t-il ça en venant au monde ? Il m'aurait en effet été complètement impossible de m'en occuper avec dignité sur le plan matériel et affectif, au vu du contexte dans lequel je me trouvais.

C'est choisir entre le mal et le pire, vu que la loi souhaite décider à la place des femmes. Ne pas être maîtresse de son corps peut engendrer des souffrances terribles dramatiques à certains moments de la vie d'une femme. On pense être en 2000 mais on est encore au moyen-âge. Alors que tout serait si simple si on avait le choix comme dans la majorité des pays européens."

Avis contraires

Francisco et Ana Maria, tous deux natifs du nord du Portugal, considèrent pour leur part qu'à partir du moment où on a donné la vie, on se doit de l'assumer coûte que coûte.

"Personne n'est en droit de jouer comme il l'entend avec un être vivant, dit Francisco avec sérieux et conviction. "C'est immoral et inhumain. Et pourquoi un embryon ne serait-il pas considéré comme un être vivant ?"

Ana Maria a elle-même été confrontée à une grossesse non désirée. "Ce qui fait la force et la valeur des êtres c'est leur capacité à assumer les conséquences de leurs actes jusqu'au bout et à respecter les autres. Or avorter c'est ne pas assumer, et c'est surtout tuer quelqu'un d'autre. Moi, j'ai assumé sans en tirer aucune gloire. Je n'ai fait que respecter la vie que j'avais moi-même créée. Comment aurait-il pu en être autrement ?

Certes, il y a parfois des cas spéciaux pour lesquels la loi pourrait être un peu aménagée. Mais si on venait à légaliser l'avortement, l'IVG pourrait même finir par devenir une sorte de moyen de contraception "après coup", et être la porte ouverte à la banalisation d'un acte grave. On risquerait de ne plus respecter du tout la vie. Les humains peuvent-ils s'accomplir sur ces bases ? Ma réponse est clairement négative."

Nouveau débat

Un référendum a déjà eu lieu au Portugal en 1998, et le "non à la dépénalisation" l'avait emporté d'une courte majorité (51%). Cependant, seuls 32% des électeurs s'étaient déplacés à l'époque jusqu'aux urnes.

Le premier ministre portugais José Socrates souhaite désormais un nouveau référendum sur la question, se déclarant d'ailleurs lui-même clairement en faveur de la dépénalisation de l'avortement. Un débat est donc actuellement nouvellement lancé au Portugal sur le sujet de l'IVG.

Les opposants de l'avortement souhaitent que la loi portugaise continue à considérer les femmes qui avortent comme des criminelles. Les partisans de l'avortement dépénalisé dénoncent quant à eux une volonté obstinée de persécuter les femmes par le biais d'une loi qui maintient par ailleurs le Portugal hors de la voie de la modernité et de la liberté, et donne du pays une image arriérée, puisqu'il s'agit d'un des rares en Europe avec Malte, l'Irlande et la Pologne, à encore considérer légalement l'avortement comme un crime et à ne pas laisser la femme libre de son corps et de son choix.

Référendum

Le parlement portugais vient de donner le "feu vert" pour la tenue d'un prochain référendum sur la dépénalisation de l'avortement, en approuvant en majorité un nouveau référendum sur la question.

La proposition émane du parti socialiste portugais qui dispose actuellement de la majorité parlementaire absolue. Le principal parti d'opposition de centre-droit (PSD) ainsi que la bloc d'extrême gauche ont également approuvé le texte. Le parti conservateur CDS-PP s'est abstenu. Les communistes ont quant à eux été les seuls à voter contre.

Les portugais auront donc bientôt à trancher par référendum sur l'IVG (interruption volontaire de grossesse). Il suffit pour cela au Président de la République d'en fixer la date.

La question posée aux portugais ...

La question prochainement posée aux portugais sera de savoir si "oui" ou "non" : "ils souhaitent que l'avortement réalisé avec le consentement de la femme, dans les 10 premières semaines de grossesse, et effectué dans un établissement de santé légalement autorisé", cesse d'être considéré par la loi portugaise comme un crime."

Rappel : En France, l'avortement a été dépénalisé par la loi Veil depuis 31 ans. (janvier 1975)

Mario Pontifice - Portugalmania - Le 23 octobre 2006

 

 

 

 


 

Voir aussi :

Toute la presse portugaise : Portugal-Hebdo>
L'éphéméride du Portugal >

 

 

 

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