Fados, le film

Fados...

Il y aura probablement un avant et un après "Fados", bien distincts, ne serai-ce que parce que le fado est désormais paradoxalement singularisé sous une forme plurielle, par la simple volonté de Carlos Saura, l'ayant désiré ainsi.

Mais cette distinction temporelle sera également marquée parce que le fado, en abandonnant ses fripes de simple manant traînant sa solitude dans les ruelles de Lisbonne, retrouve ses origines et s'empreint des multiples racines qui ont forgé son tronc et son écorce; en somme des sources qui lui ont donné sa forme et son âme, et aidé à grandir avec conviction, dignité et panache.

Le film Fados nous fait voyager tout en voyageant lui-même avec une simplicité apparente, à travers un cheminement en trompe-l'oeil ayant pour maître-mot l'esthétique. "Fados" nous entraîne à travers des continents différents, dans un vaisseau-spacial trempé dans des notes familières fadistes, toutes désireuses de fondre l'essence de cet art musical portugais avec un regard et des rythmes issus d'autres rivages. Le résultat étonne d'abord, puis adopte très vite la forme de l'harmonie, sinon de l'évidence. C'est là que le fado prend un S, celui de la singularité plurielle.

Tout en étant originaire de Madrid, Carlos Saura est définitivement un homme de paris, y compris les plus audacieux et les plus surprenants, empruntant des chemins aux limites incertaines et aux contours malléables. Mais Dieu que c'est bon de le suivre dans ses délires harnachés d'une quasi-irritante, car trop fréquente justesse. :-)

Janvier 2009 - Portugalmania - Mario Pontifice

L'Interview de Carlos Saura se trouve ci-dessous