L'avortement au Portugal
Jusqu'en
2007, le Portugal était un des rares pays
d'Europe à considérer
les femmes pratiquant l'IVG comme des criminelles,
et à condamner ces dernières
à des peines allant jusqu'à
3 ans de prison.
Référendum
en février 2007
Un premier référendum
sur l'IVG eut lieu en 1998. Le Non
à sa légalisation l'emporta
de justesse. Le nombre de votants n'ayant
cependant pas atteint les 50% nécessaires à
la validation du suffrage,
on a donc procédé un à
2è référendum
le 11 février 2007.
Ce nouveau référendum
a permis la nette
victoire
du Oui à la dépénalisation
de l'avortement au Portugal.
Un
grave question de santé publique
L'impossibilité
pour les femmes d'avorter dans un cadre
légal induisait en moyenne 20 mille
avortements effectués dans la clandestinité
et entraînait chaque année
une hospitalisation en urgence pour 5 mille
d'entre elles.
Les
portugais désintéressés
du débat de l'IVG ?
Les portugais sont donc
enfin véritablement entrés
dans le 21è siècle. L'intérêt
général pour la question n'entraîna
cependant pas les portugais devant les urnes
en masse. Mais le taux d'abstention élevé
(56,39%) ne signifie pas pour autant que
les portugais se soient désintéressés
de la question.
Même si la campagne
a été
souillée par beaucoup
de partisans réactionnaires du Non,
ancrés dans leurs convictions arriérées...
... Et même si à
l'encontre des principes élémentaires régissant
une vraie démocratie, une
partie des portugais a curieusement
été empêchée
de s'exprimer; partout au Portugal le
référendum était d'actualité.
Affiches, propagande, débats et échanges
ont envahi l'ensemble des médias
portugais. La question était de taille,
vu qu'il s'agissait de se prononcer pour
ou contre la fin de la persécution
des femmes portugaises pratiquant l'IVG.
Il s'agissait donc d'entrer ou pas dans
le siècle du respect, la fin de l'humiliation
et la liberté du choix.
Le
lourd poids de l'église portugaise...
Le débat
n'a donc pas laissé les
portugais indifférents. Mais un facteur
déterminant a cependant contribué
au fort taux d'abstention; il s'agit du
poids de l'église portugaise, qui
à travers son implication parfois
surnoise et la hargne hors du commun avec
laquelle elle a jeté toutes ses forces
dans la bataille, a délibérément contribué
à générer le scepticisme
et le doute, favorisant ainsi l'abstention
massive, et amoindrissant le poids du vote.
Le
Portugal au 21è siècle. L'église
portugaise au moyen-âge !
Dans la campagne
précédant le référendum,
on a pu prendre conscience du poids
encore persistant de l'église au
Portugal, même si ce poids est à
relativiser de plus en plus. La magistrale
claque (infligée par les citoyens
du distrito de Beja aux incantations
passéistes de leur évêque,
et en votant à 83,9% pour le Oui à la dépénalisation)
en atteste...
Il n'en reste pas moins
que certains prêtres et évêques
portugais usent et abusent effrontément
de la faiblesse, du manque de culture, et
de la crédulité de bon nombre de leurs
fidèles des campagnes. Ceci est largement
plus perceptible dans les régions
les plus pauvres du Portugal, dont le Nord,
où le
Non l'a en toute logique emporté
lors de ce référendum. (à
l'exception de quelques villes telles Porto.)
L'implication manipulatrice
d'un certain nombre d'hommes représentants de l'église
portugaise, est encore
malheureusement une évidence. Ils tentent désespérément
de maintenir sous pression "leurs moutons"
qu'ils façonnent à leurs idées
rétrogrades.
Un proverbe portugais
dit que "Dieu écrit droit avec des lignes courbes".
- Courbes ne signifie pas pour autant tordues
- Et Dieu dans toute sa sagesse, n'aurait
en toute certitude pas choisi les lignes
tordues qu'ont adopté ces hommes
d'église portugais, n'hésitant
pas à manipuler leurs fidèles
de façon indigne, utilisant leur
faiblesse et leur manque de culture pour
les conduire à voter pour le maintien
de la loi répressive existante.
- pour la non émancipation de la
femme et le maintien de sa souffrance -
Ces prêtres utilisent en fait la crédulité des pauvres
gens, ce qui va à l'encontre de la
doctrine dans laquelle ils sont sensés
s'impliquer.
Jusqu'aux
menaces et au chantage psychologique...
Pendant la campagne du référendum
sur l'avortement, certains d'entre
eux sont allés jusqu'aux menaces.
Ainsi certains hommes d'église portugais
et pas des moindres, tels des évêques,
confortablement assis dans leur sombre
vision de la réalité de la
vie dont ils n'ont pas idée, n'ont
pas hésité à prendre
position avec virulence, allant
même comme au moyen-âge,
jusqu'à menacer "d'excommunication ceux
qui favoriseraient la pratique de l'IVG",
à invoquer la malédiction
en cas de victoire du Oui, ou encore à clamer bien fort
que
: "le vote
est secret mais que Dieu voit tout"
!
Du chantage psychologique,
du lavage de cerveau, et de la manipulation
sordide. Du terrorisme émotionnel
et des procédés indignes de
l'église !
Le poids encore étouffant
de l'église portugaise, à
travers son implication hors du commun et
la hargne avec laquelle elle a jeté
toutes ses forces dans la bataille, - comme
si sa survie en dépendait - a largement
contribué à augmenter le camp
du Non, et à générer
le scepticisme et le doute, favorisant ainsi
l'abstention massive.
Les défenseurs
du Non, avec l'église portugaise
en tête, se sont acharnés
à faire de la campagne du référendum,
le dernier rempart d'une église portugaise complètement
dépassée,
n'hésitant pas à opter pour
la souffrance des femmes, pour l'injustice
et l'inégalité,
en permettant aux plus riches de se rendre
dans les cliniques espagnoles pour pratiquer
les interruptions de grossesse...
Dans leurs discours de
manipulation où il était aisé
de s'apercevoir que la conviction profonde
n'avait que peu de place, les prêtres
évoquèrent souvent la vie
des fœtus de 3, 5 ou 10 semaines mais jamais
ils n'abordèrent la souffrance des
femmes ni la vie que certaines ont perdu
suite à des IVG pratiquées
dans des conditions humainement indignes.
(Il est vrai que comme
on a pu l'entendre de la bouche de certains
médecins se prononçant pour
le Non : elles ont fauté; elles doivent
souffrir !)
A travers les méthodes
employées par quelques uns
de ses représentants sévissant
sans aucune honte, l'église portugaise
a ainsi montré son vrai visage
d'un autre siècle.
L'église
portugaise s'est-elle perdue ?
Si elle ne s'est
pas perdue, elle s'est cependant publiquement
enfoncée dans le moyen-âge,
préférant se terrer plus encore
hors du
temps.
Beaucoup de catholiques portugais,
tout en préservant malgré
tout leur foi, ont ouvert les yeux et s'éloignent
de plus en plus des "principes préconisés"
par quelques "princes de la religion"
aux senteurs nauséabondes salazaristes
qui hantent l'église portugaise rétrograde,
de façon surnoise.
Fort heureusement
tous les hommes d'église portugais
ne font pas partie de ces "manipulateurs
de la facilité et de la misère".
Mais à travers quelques uns de ses
représentants encore en activité, l'église portugaise
vient cependant et peut-être sans
même s'en apercevoir, de se discréditer
durablement, sinon définitivement.
Portugalmania - le 12
février 2007
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