Les femmes portugaises ont gagné !
Les
femmes portugaises ont gagné.
Le référendum qui
a eu lieu au Portugal le 11 février 2006 concernant
la dépénalisation de l'IVG a vu les portugais
se prononcer en majorité pour le Oui à la dépénalisation
des femmes pratiquant l'IVG.
Jusque là, les femmes
portugaises pratiquant une IVG étaient considérées
par la loi comme des criminelles et étaient
passibles de peines allant jusqu'à 3 ans d'emprisonnement.
Oui
franc, oui mais...
A l'issue de ce référendum,
le Oui à la dépénalisation l'a emporté clairement
avec 59,25% des suffrages. (source
officielle). Les partisans du
Non se sont vus gratifier de 40,75% des voix.
40,75% des portugais inscrits se sont donc prononcés
contre le fait que la femme ait la liberté
de choix et la maîtrise de son corps.
Cependant, pour que
le référendum soit réellement validé et implique
un changement automatique de la loi répressive
existante - une des plus rétrogrades et répressives
d'Europe - il fallait que le taux d'abstention
n'atteigne pas 50% des inscrits, en somme il
était nécessaire qu'au moins 50% des portugais
inscrits sur les listes électorales se prononcent
clairement pour l'un des 2 choix : Oui
ou Non à la dépénalisation.
Seuls 43,61 % des
portugais inscrits se sont exprimés, rendant
ainsi ce vote caduque.
La
loi changera malgré tout
Le premier ministre
portugais José
Socrates disposant de la majorité
parlementaire, aurait pu opter pour le changement
de la loi existante par le biais d'un vote à
l'assemblée nationale portugaise.
Il a cependant préféré laisser les portugais
s'exprimer sur la question, en promettant que
quel que soit le taux de participation au référendum,
si le Oui l'emportait la loi serait changée.
Les portugais s'etant prononcés
majoritairement en faveur du Oui à la dépénalisation,
la loi répressive existante sera donc très prochainement
modifiée au parlement portugais.
Un
grave question de santé publique
La question de l'avortement
au Portugal dépassait le cadre de la stricte
conviction personnelle. La pénalisation des
femmes induisait en moyenne 20 mille avortements
par an effectués dans la clandestinité et entraînait
chaque année une hospitalisation en urgence
de plus 5 mille d'entre elles.
Les ravages
tant physiques que psychologiques qu'entraînaient
ces IVG effectués dans la clandestinité étaient humainement
insupportables et étaient le reflet d'un véritable
manque de respect envers la femme, son autonomie
et sa santé. Le Portugal demeurait une sorte
de honte de l'Europe en figurant parmi les rares
pays dont la loi condamnait l'IVG.
Les portugaises les
plus fortunées étaient ainsi favorisées en se
rendant dans les cliniques étrangères. Les moins
favorisées supportaient quant à elles depuis
des décennies, les inconvénients dramatiques résultant
des pratiques effectuées en cachette et illégalement.
La "peur au ventre" s'ajoutait à la
douleur et aux traumatismes physiques et psychologiques.
Campagne
salie
La campagne a été
ternie par beaucoup de partisans réactionnaires
du Non, ancrés dans leurs convictions arriérées
et ne souhaitant en aucun cas l'émancipation
des femmes et n'hésitant pas à employer des
procédés indignes d'une question de société
aussi grave.
Tout a été tenté par
le camp du Non pour semer le doute dans l'esprit
des portugais. Des affiches tendancieuses aux
mensonges grossiers et scientifiquement faciles
à démonter; de la
distribution en boîtes à lettre de prospectus
psychologiquement traumatisants jusqu'à à la
distributions aux enfants de lettres imaginaires envoyées par un foetus à sa mère.
"On" est même allé jusqu'à fabriquer
des foetus en plastique supposés
âgés de dix semaines (mais pourtant déjà parfaitement formés), et à les
distribuer insidieusement dans les écoles...
afin de frapper l'imaginaire des enfants très
fort, dans le but de contribuer à influencer
les parents.
Accrochés
au passé
La droite portugaise
majoritairement réactionnaire et très conservatrice,
avait largement contribué, conjointement
à l'église portugaise, à la victoire du Non
au premier référendum de 1998.
Certaines soi-disantes
"personnalités notoires" (telles Marcelo Rebelo de Sousa,
ancien dirigeant du principal parti de
droite portugais et désormais auto-proclamé
pseudo-penseur à deux sous, mais médiatiquement
très influent au Portugal surtout auprès des
pauvres gens quasi-incultes ou crédules),
n'admettaient en 1998 aucune dérogation à la loi
existante, y compris en cas de viol ou de malformation
du foetus. C'est dire le niveau de tolérance
des réactionnaires de la pensée et du mépris
ouvertement affiché envers les femmes portugaises,
leur liberté et leur destin, et ce, à une époque
pas si lointaine au Portugal.
Même si leur conception
a désormais globalement quelque peu évolué quant aux cas
de figure à exclure de la pénalisation de l'Ivg,
ces réactionnaires se sont une fois encore cantonnés
en 2007, à se prononcer en majorité pour la
continuité à considérer comme criminelle, toute
femme pratiquant une IVG.
La
fin du massacre
Les femmes portugaises
désirant pratiquer l'Ivg vont donc enfin cesser
d'être poursuivies. Elles viennent de gagner
la liberté de leur corps. Elles pourront donc librement
opter pour l'IVG si elles le jugent nécessaire.
Il faut attendre la
nouvelle loi et ses détails, mais elle supprimera
de façon certaine la dépénalisation et permettra
un encadrement sanitaire et psychologique de toutes
les interruptions de grossesse.
La fin des souffrances,
de l'humiliation et du "massacre"
physique et psychologique auquel étaient soumises
les femmes portugaises jusqu'ici cesse enfin
pour (en moyenne) 20 mille femmes par an, qui
jusque là procédaient à des IVG dans l'illégalité
souvent effectuées dans des conditions sanitaires
précaires ou inhumaines.
Les femmes portugaises ont
donc gagné. Elles ont enfin gagné leur vraie
émancipation, leur liberté de choix, et la maîtrise
de leur corps. Si le Portugal était depuis longtemps
entré dans l'Ere moderne, cette loi existante
sur l'IVG demeurait une tâche aussi humainement
intolérable qu'archaïque.
Résultats
du référendum
Oui : 59,25 - Non : 40,75
- Abstention : 56,39 - Blancs : 1,25 - Nuls
: 0,68
Carte du Portugal à l'issue
du vote :
Le Nord et une partie
du Centre-Nord ont majoritairement voté
Non, à l'exception toutefois du distrito de
Porto, ainsi que des villes ou villages tels
: Caminha, Vilar de mouros, Ovar,
Vila Nova de Gaia, Guarda, Aveiro, Coimbra...
Les archipels portugais de Madère
et des Açores se sont également prononcés pour
le Non.
Le Centre, Lisbonne et sa
région, l'Alentejo ainsi que tout le sud du
Portugal, ont quant à eux voté Oui à la
dépénalisation de l'IVG.
NB D'une manière générale,
on estime que les citadins ont à 80% voté
Oui.
NB2. Bien que la question
de l'IVG ne relève pas de la politique partisane,
et bien que la plupart des représentants des partis
de gauche comme de droite se soient
en majorité prononcés pour le Oui, il
s'avère que les électeurs traditionnels de droite ont
à 80% voté Non, contrairement aux électeurs
traditionnels de gauche qui ont à 80% voté pour le
Oui.
DOSSIER
:
A travers la manipulation
et le chantage, l'église portugaise
se terre dans le moyen-âge...
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