L'avortement
dépénalisé au Portugal
La
loi sur le dépénalisation de l'IVG vient d'être
promulguée officiellement au Portugal.
Il est
donc désormais possible pour une femme
portugaise d'avorter légalement jusqu'à la 10ème
semaine de grossesse.
Le texte de loi sur la dépénalisation
de l'avortement a été approuvé au parlement
portugais par les députés des partis de gauche ainsi
que par les verts.
Les députés du centre-droit
ont été très peu nombreux (21) à voter en faveur
de la dépénalisation. La droite a quant à elle
voté contre la dépénalisation, désirant continuer
à considérer les femmes portugaises qui avortent
comme des criminelles.
Les socialistes portugais
étant majoritaires au parlement portugais, la
loi a donc pu être votée, et elle est désormais
effective.
Les
réticences persistent
Si
la dépénalisation de l'avortement est désormais une
réalité au Portugal, il s'avère que dans les faits les
femmes portugaises désirant avorter vont probablement devoir
continuer à se battre, car malgré le résultat du récent
référendum sur l'avortement et malgré la promulgation
de cette loi, les réticences quant à la dépénalisation
demeurent bien réelles. Ainsi...
- Le vote très minoritaire
de la droite centriste, ainsi que la droite portugaise
qui s'est clairement prononcée en défaveur de la dépénalisation,
en attestent.
- De nombreux médecins n'approuvant
pas la dépénalisation de l'avortement se sont
déclarés objecteurs de conscience. A L'occasion
du référendum, certains d'entre eux n'avaient
pas hésité à affirmer "que si une femme a fauté
il faut qu'elle en assume toutes les conséquences".
On craint donc dans la pratique qu'en cas de
manifestation
de volonté d'interruption de grossesse, certaines
femmes soient parfois influencées par
ces derniers ou viennent à subir des "pressions"
psychologiques.
- L'église portugaise a déclaré
qu'elle "ferait la guerre" à l'avortement.
Elle clame avec véhémence qu'elle est en net
désaccord avec
cette loi et qu'elle fera tout son possible
pour empêcher que les avortements aient lieu.
Elle déclare par ailleurs "qu'une loi n'est
pas éternelle" et appelle d'autre
part les médecins qui le souhaitent à faire valoir leur "point de vue"
dans la pratique, en évoquant l'objection de conscience.
- Anibal Cavaco Silva, l'actuel
Président de la République portugaise et issu
de la droite portugaise, tout en se voyant
quelque peu contraint de promulguer
la loi votée au Parlement, a également émis de nombreuses réserves.
Avec
le temps...
D'énormes réticences persistent donc
au sein
des partis conservateurs ainsi que dans l'église
portugaise qui demeure récalcitrante et prête
à se battre, car farouchement opposée à
la loi.
Les mentalités de la société
portugaise
n'évolueront sur ce plan probablement et véritablement qu'avec les générations,
comme cela s'est passé depuis des décennies
dans la majorité des pays Européens.
Quoi qu'il en soit, en approuvant majoritairement
par référendum la dépénalisation de l'avortement,
les Portugais (*) ont permis le vote de la loi mettant ainsi fin à une des législations sur le
sujet des plus restrictives et des plus dures
de
l'Union européenne, puisqu'elle condamnait jusqu'ici à des peines de prison
les femmes portugaises qui avortaient.
(*) Les portugais s'étant
exprimés sur la question ont été restreints
aux portugais résidant au Portugal. Tous les
portugais résidant hors du Portugal ont
été exclus et empêchés
de s'exprimer sur cette grave question
de société dont le résultat demeurera probablement
historique.
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